Pour clôturer le cycle thématique de formations sur « le lecteur au cœur du numérique », organisé en partenariat avec Mons2015, le PILEn s'associe au collectif kom.post pour proposer une grande journée de réflexion sur la figure du lecteur numérique.

Au programme :

  • 1. Discussion entre tous les participants la matinée
  • 2. Pause déjeuner imaginée comme une dégustation de mots et élaborée à partir des imaginaires des différents participant(e)s
  • 3. Pour conclure, cinq interventions plus spécifiques répondant aux problématiques aperçues dans les échanges du matin…

 

Intervenants :

Gilles Martin, libraire bruxellois, Joli Mai ;

Albertine Meunier, artiste française ;

Jérémie Nuel, graphiste français travaillant plus spécifiquement sur la lecture sur écran, enjeux et limites ;

Björn-Olav Dozo, chercheur à l’Université de Liège, spécialiste des humanités numériques ;

Kitty Crowther, auteure belge

Emmanuel Requette, fondateur de lalibrairie Ptyx, à Bruxelles.

 

Intention générale

Il faudrait sans doute parler ici de la « révolution numérique », de ces « digital natives » ou « génération Y » qui sont nés dans un environnement d'écrans, un monde dématérialisé, un univers où tout est signe mais où plus rien ne fait sens...

Il faudrait certainement lister, comptabiliser, évaluer toutes les dernières trouvailles en termes de « créativité et innovation » dont a bénéficié, ces dernières années, le secteur culturel et plus précisément celui que l'on nomme « littérature », tenu au croisement des actes d'écriture ET de lecture.

Oui, certainement, il faudrait ici convoquer les grands « experts » du moment à nous parler des livres interactifs, des formats epubs, des supports d'écriture surpotentialisés, des surfaces de lecture hyper augmentées.

Sans doute, il faudrait faire tout cela.

Mais que se passe-t-il si l'on décidait plutôt de se remettre à douter ?

De se déplacer en cet endroit si singulier et que nous connaissons tous, dans lequel toute certitude, toute idée propre, se trouve obligatoirement traversée par « l'étranger » ? Etrangeté d'une langue que je me trouve à parler en ma voix ; inconnu d'un vocabulaire et d'une sensibilité qui, soudain, me font voir, imaginer, projeter des paysages, des fictions, des rêves auxquels je n'avais jamais songé et qui pourtant, ici, m'appartiennent ?

Que se passe-t-il donc, si l'on décidait d'aller un peu à contre temps et de commencer par le début en rencontrant, avant tout et avant ce qualificatif de « numérique », ce point singulier du « lecteur » ?

Aujourd'hui, de Mons à l'Europe et de l'Europe au monde, que fait un « lecteur » ? Et en quel endroit, dans ses usages quotidiens, dans des pratiques héritées ou renouvelées rencontre-t-il le « numérique » ? Qu'est ce que ceci change ou prolonge d'une activité que nous connaissons tous, dont nous sommes tous des spécialistes et sur laquelle chacun est donc en mesure d'échanger tant avec des chercheurs en nouvelles technologies qu'avec des bibliothécaires municipales repensant leurs pratiques « avec » le numérique plus que « pour » ou « contre » lui; tant avec des philosophes qui déclarent la guerre au « colonialisme numérique, dévorateur d'attention et assassin de la concentration nécessaire à la lecture » qu'avec des artistes et auteurs qui mutent leur écrit en fonction des transformations qu'ils observent chez les spectateurs dans leur manière de « recevoir », de « lire » les œuvres comme le monde ?

Afin de reprendre cette question partagée depuis et avec chacune de ses parts comme de ses participants, les artistes Camille Louis (dramaturge et philosophe) et Julie Morel (artiste et « netartiste ») du collectif kom.post iront à la rencontre des lecteurs du territoire montois pour collecter les voix et récits d'expérience de ceux sans qui, précisément, il n'y a plus d'expérience, celle-ci étant, comme nous le disait si bien Walter Benjamin, une question « d'échange » entre conteurs et écoutants. Se tenant donc toujours entre l'acte d'inscrire et celui de déchiffrer puis de traduire, l'expérience littéraire à laquelle nous convie Mons 2015 devient le milieu idéal pour se ressaisir ensemble de ce que lire veut dire, de ce que lire peut dire en ces temps de transformations des modes du dire, du voir et du comprendre.

Legere signifie étymologiquement « recueillir par les oreilles ». Se mettant à l'écoute des récits d'usagers rencontrés au fil des mois, les croisant avec des paroles et pratiques d'autres chercheurs et praticiens divers, kom.post fera de la lecture son mode de recherche et d'existence afin de composer, pour Septembre 2015, une journée « donnant à lire ces collectes », donnant à lire « le lire », hors des certitudes et des absences de doute mais dans une immersion sensible et sensée dans notre espace-temps partagé de « lecteur numérique ».

Le programme précis de cette journée se composera au fil des entretiens et rencontres menées par les artistes de Septembre 2014 à 2015 afin que ce jour d'échanges ancrés dans leurs temps et leurs territoires, bien loin du format de conférences froides et toujours trop détachées de leurs contextes, s'apparente réellement à une écriture collective se donnant nouvellement à lire à tous.

Une journée consacrée au(x) lecteur(s) numérique(s) – Un dispositif en 2 temps pour échanger, lire et écrire le lire

Riche de la rencontre entre son travail de terrain mené pendant un an et des notions qui seront amenées au fil de la journée tant par des spécialistes conviés pour l'occasion que par les visiteurs et les lecteurs d'ici et d'ailleurs, kom.post propose de « rouvrir la conversation » en invitant chacun à rejoindre une table composée de 5 à 6 personnes de provenances (géographiques, disciplinaires, sensibles...) variées pour s'emparer ensemble des questions au travail du jour.

Bouleversant le schéma de la conférence habituelle, brisant la séparation « spécialiste-amateur » et faisant de la « table  » non plus le lieu central d'une tribune réservée mais bien un espace ouvert d'interactions entre une variété de perpétuels apprenants plus que de « savants », le dispositif de « la fabrique du commun » convie tous et chacun à confronter sa pratique de lecteur au temps du numérique à celle de ses voisins temporaires. Les mondes que l'on pense séparés face à ces questions (du fait d'une différence de génération, de spécialisation, de « milieu » socio-professionnel...) se trouvent alors « réunis », dans cette pratique de « voisinage » qui sait effacer, par tout type d'échanges croisées, toute idée de seuil et de frontière, physique comme symbolique.

Les artistes du collectif aménageront et scénographieront les conditions de l'émergence d'un tel espace commun, puis, durant les échanges des participants, se feront à leur tour « écoutants » afin de saisir et inscrire les partages d'expériences de lecture menées au sein des tables. Reprojetées sur un écran commun, les différentes conversations deviennent une parole collective qui se donne à lire au moment où elle s'énonce permettant ainsi de relier le récit et l'expérience de cette chose qui nous occupera durant toute une journée : qu'est ce que lire, aujourd'hui ? Qu'est ou plutôt que fait le « lecteur numérique » ?

Chacun pouvant ainsi se ressaisir de ce qu'il se trouve ici à penser tout haut, dans un mélange d'intime et d'étrangeté, la « fabrique du commun » conduira déjà les participants-lecteurs vers un acte de réécriture collective de ce qui, peut-être, n'est rien d'autre qu'une « charte du lecteur » : un texte commun rédigé depuis l'endroit des pratiques plus que de la Théorie, depuis le vivant-apprenant plus le froid document bilan. Un texte d'expérience, passée, présente et à venir car lire est aussi l'acte par lequel se tracent des horizons....

Une fois un tel milieu crée et éprouvé par tous durant la matinée, l'après midi accueillera en ses tables collaboratives 5 intervenants spécifiques, tout particulièrement concernés par ces questions mais acceptant de remettre leurs savoirs et positions en débat, au sein de cet espace d'horizontalité.

Informations pratiques :

Samedi 26.09 .2015

ARSONIC – GRANDE SALLE

10:00 > 18:00

Cette journée est gratuite mais une réservation est indispensable avant le 10/09.