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Programme très dense pour cette nouvelle édition des Assises du livre numérique : présentation de plusieurs études, tables rondes consacrées au nouveau contrat d’édition, aux licences Creative Commons et aux pratiques commerciales et marketing, mise en avant d’initiatives originales sous la forme d’un « Pecha Kucha ». Retour sur les thématiques transversales de cette journée qui font écho aux activités du PILEn.

Solidarité interprofessionnelle

De l’introduction de Vincent Montagne (voir l’intégralité de son discours ici) jusqu’aux présentations de clôture, cette journée a été l’occasion de réaffirmer une solidarité interprofessionnelle et une volonté de dialogue entre les différents maillons de la chaîne du livre.

Le tandem auteur/ éditeur était à l’honneur de ce début de conférence, avec la question du contrat d’édition à l’ère du numérique. Les différents intervenants, tant du côté des auteurs que des éditeurs, se sont félicités de cet accord qualifié d’historique, et ce même si des incertitudes demeurent sur les modalités de son application dans l’attente d’une fenêtre législative (aux alentours de mars 2014). En Fédération Wallonie-Bruxelles, aucun accord n’a été pour le moment conclu entre les auteurs et les éditeurs, mais des réunions de travail sont à l’ordre du jour.

Quant aux traducteurs, qui sont souvent les oubliés de ce type de colloque, ils ont eu aussi leur moment quand TLhub, un outil original de traduction collaborative, a été présenté au public.

Tout au long de la journée, il a été également question des libraires et de la nécessité de les maintenir «  in the loop », et ce alors que deux contre-exemples étaient évoqués: le Royaume-Uni où les librairies indépendantes disparaissent peu à peu[1] et l'Italie où les éditeurs privilégient de plus en plus la vente directe au lecteur. Plusieurs initiatives qui (re)pensent le lien entre la librairie physique et le livre dématérialisé ont d’ailleurs été présentées: ebookdirect (voir notre article à ce sujet ici) et de nouveaux services lancés prochainement par Les Dédicaces.

Enfin, visibilité accrue pour les prestataires de services TIC et start-ups de l'édition, qui présentaient souvent en tandem avec un éditeur "traditionnel" le fruit de leur travail commun. Parmi ceux-ci, quelques "incubés" du Labo de l’édition: Les Dédicaces, L’Apprimerie et bien sûr StoryLab.

 

Mutualisation des moyens et des connaissances

Solidarité interprofessionnelle donc mais aussi mutualisation desmoyens et des connaissances, primordiale dans un environnement global qui demeure toujours très incertain et extrêmement concurrentiel. Comme le soulignait Florent Souillot, responsable du développement numérique du groupe Flammarion, « les cartes sont rebattues » et dans un souci d’innovation et d’opportunités commerciales, la mise en commun des connaissances devient indispensable.

Quelques exemples concrets d'initiatives ont ainsi été mis en avant : le projet PNB (prêt numérique en bibliothèque)[2] dont le lancement est repoussé à 2014, le nouvellement créé GLN (Groupement pour la Lecture numérique, voir ici cet article de Lettres Numériques), les initiatives autour de la question cruciale de l'interopérabilité comme la fondation Readium, le W3C DIGIPUB (Digital Publishing Interest Group) et le MO3T, à l'initiative du groupe Orange (voir cet article –critique- d'Actualitté) et TISP (Technology and Innovation for Smart Publishing), projet européen de trois ans visant à encourager les rencontres et les échanges entre les maisons d’édition et les prestataires TIC.

 

Des stratégies commerciales et marketing complexes et parfois à double tranchant

Cette journée a aussi été l’occasion de revenir sur des stratégies commerciales et marketing qui ne font pas toutes l’unanimité et dont on ne sait pas si à terme elles seront payantes ou bien auront contribué à fragiliser davantage l’économie du livre numérique.

Ainsi, la pertinence des licences Creative Commons pour l’édition numérique, en termes de promotion et de constitution d'une communauté, et en complémentarité d'une offre payante (papier ou sur une autre partie du catalogue numérique) a été abordée au cours d’une table ronde. Les deux « case studies » présentés à cette occasion par Cristina Puerta, spécialiste éditoriale aux éditions de l'UNESCO et Agnès Henri, directrice éditoriale d'EDP Sciences, ont laissé l’audience assez dubitative, d'autant que leur lancement récent ne permet pas encore de mesurer l’impact, notamment économique, d'un tel choix.

Serpent de mer de l’édition numérique, la question du (bas) prix a aussi été évoquée au moment de l’intervention de Francesca Noia, responsable commerciale chez Edigita. Cette dernière a présenté brièvement l’écosystème italien du livre numérique, et en particulier une politique très "dynamique" de prix (nombreuses promotions de 24h ou moins), voire même une gratuité accordée pour certains ebooks, perçue comme un moyen de promouvoir efficacement leur usage. Le prix moyen du livre numérique tombe donc en Italie sous la barre des 6€, quand la France est bien au-dessus (voir ces statistiques publiées sur Aldus). Certains, comme Rebecca Smart, directrice générale d'Osprey Group Publishing, ont mis en garde contre cette stratégie, qui risque de dévaluer le prix de l'ebook de manière irréversible. Cette dernière était plutôt partisane du "bundling", consistant à proposer la vente couplée papier/numérique, ou plutôt à offrir la version numérique d'un livre acheté dans sa version print. Le 21 novembre, le Labo de l'édition organise d'ailleurs une soirée sur cette thématique qui a le vent en poupe.

Le véritable enjeu pour les éditeurs demeure cependant de « mieux connaître» leurs lecteurs, afin de leur proposer des offres attractives et de les fidéliser. Cela passe notamment par la constitution de bases de données quantitatives mais aussi qualitatives, renseignant sur les goûts et les habitudes d'achat et de lecture. Le cas du regroupement Place des éditeurs a ainsi été mis en avant, puisqu'il dispose d'un fichier qualifié de 250.000 adresses électroniques et a comme objectif de parvenir à 500.000. La start-up qui monte, StoryLab, lance quant à elle Blockbookster, une plateforme de marketing digital permettant aux éditeurs de promouvoir un ouvrage et d'en prolonger la lecture avec des vidéos, des avis de libraires, des documents sur l'auteur et le contexte de l'œuvre, etc. mais aussi d'avoir un accès direct aux lecteurs et de mieux cerner leurs préférences, notamment par la collecte d'un certain nombre de données.

 

Expérimentation de nouveaux formats et enrichissement de l’expérience de lecture

Au cours du Pecha Kucha de fin de journée, l'homothétique paraissait bien loin, avec la présentation d'applications et d'ePub 3 faisant la part belle à l’interactivité et à l'enrichissement de l’expérience de lecture.

Du côté du gaming et de l'écriture multisupport ont été évoqués Gamebook Store, une librairie numérique de livres-dont-vous-êtes-le-héros et la BD transmédia MediaEntity, qui avait beaucoup fait parler d'elle à sa sortie (papier) fin août.

Hormis l'adaptation numérique des Choses de Georges Perec, les autres innovations présentées étaient issues du secteur jeunesse et dans la sélection des Pépites numériques du Salon du livre jeunesse de Montreuil: Les Animaux de la jungle (Gallimard Jeunesse/CNDP), Paris (collection Questions-Réponses des éditions Nathan), Mon Voisin (Tralalère/ éditions des Braques). Des projets innovants jouant pleinement sur le côté ludique permis par de (nouveaux) formats mieux maîtrisés, notamment dans la scénarisation des éléments: effets de surprise ou de suspens, sons associés, jeu sur les distances, contrastes, etc. Les opportunités offertes par le numérique pour le livre ludo-éducatif sont belles et les études sur ce marché émergent se multiplient[3], telle cette étude "exploratoire" du IGS-CP/Néolibris menée en partenariat avec le CEPE de l'Université de Poitiers sur la perception de l’ebook pour enfant, présentée également durant les Assises.

Enorme potentiel pour le secteur du livre jeunesse mais aussi du livre scolaire ou à vocation pédagogique, à la hauteur des coûts d'investissement que cela suppose. Un défi évoqué récemment dans un entretien du PILEn avec Marc Minon au sujet des futurs développements du volet numérique de la collection Espace Nord : sortir peu à peu de l’homothétique pour enrichir les ouvrages avec des liens hypertextes et des illustrations, propices à l'apprentissage et rendant celui-ci plus attractif.

 

L’indispensable formation des professionnels

Si la problématique de la formation des professionnels ne faisait pas l’objet en soi d’une table ronde, elle est revenue tout au long de la journée, évoquée par plusieurs intervenants, de Patrice Hoffmann (directeur éditorial littérature chez Flammarion) à Alban Cerisier (secrétaire général des éditions Gallimard et président de la commission numérique du SNE) en passant par Danièle Bourcier (directrice scientifique de Creative Commons France) et Antoine Fauchié (référent numérique à l’Arald). Ce dernier a eu l'occasion de présenter les résultats d'une enquête sur le numérique menée récemment auprès des maisons d'édition de la région Rhône-Alpes, qui font ressortir une demande d'information et de formation forte des professionnels.

Autre exemple révélateur: dans la stratégie globale du regroupement Place des éditeurs, cet aspect de formation tient une place très importante, avec l'implémentation de "Place des éditeurs Académie", un programme de formations internes. Cette année, celui-ci portait sur les réseaux sociaux, l’année prochaine il se concentrera sur la question du géomarketing.

La formation des professionnels est une des priorités du PILEn qui mettra en ligne prochainement un questionnaire à destination des différents acteurs de la chaîne du livre en FWB, afin de mieux cerner leurs besoins et  proposer un nouveau programme de formations pour 2014-2015.

 

Les prochaines Assises du livre numérique auront lieu lors du Salon du livre de Paris en 2014. Du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une journée sur le numérique est organisée le 25 novembre par l’ADEB et EL&C dans le cadre des activités du PILEn. Les places sont limitées et l’inscription obligatoire (adeb@adeb.be).

Morgane Batoz-Herges



[1]Voir aussi cette étude, pp.95-108 pour le Royaume-Uni.

[2] En Fédération Wallonie-Bruxelles, la réflexion se poursuit, avec certainement l’organisation prochaine de réunions de travail entre les différents représentants de professionnels de la chaîne du livre et des nouvelles de l’avancée du projet de plateforme pour les libraires.

[3] Du côté de l’Asfored on prévoit d'ailleurs pour 2014 de nouvelles formations "concept et scénarisation d'un livre numérique pour la jeunesse" et "éditer des produits numériques éducatifs".