A l'occasion de la tenue des 2èmes Rencontres de l’Edition Numérique le 22 mai à Tourcoing, rencontre avec Blandine Lebourg, chargée du "Content et Community Management" à la Plaine Images qui accueille l'événement.

Quelles sont les principales missions et les objectifs de la Plaine Images ?

La Plaine Images est un lieu physique mais surtout un écosystème entièrement consacré à l’image et aux industries créatives. À la fois hôtel d’entreprises, incubateur et centre de recherche, la Plaine Images favorise l’émergence d’une filière d’excellence de niveau international. Elle offre pour cela un ensemble dynamique d’équipements et de services à l’accompagnement et au développement des entreprises. Aux côtés du Fresnoy et de Pictanovo, des entreprises de pointe comme la « locomotive » transmédia Ankama et de jeunes pousses innovantes ont déjà investi ce nouveau territoire. Plus de mille personnes y travaillent et ce n’est pas fini.
Cette évolution prend d’autant plus de sens que l’écosystème ne cesse de se renforcer et profite d’un environnement économique de premier plan. L’« effet cluster » s’est mis en place : en plus des entreprises, cohabitent un « plateau recherche » (le cluster Icav’s et la plateforme technologique Irdive), la formation (Pôle IIID), et des espaces d’incubation artistique. Au cœur de ce dispositif : l’Imaginarium, qui représente la place publique, le tiers lieu collaboratif, événementiel et convivial de la Plaine Images.

Parmi les nombreuses entreprises qui ont établi leurs locaux sur le secteur de la Plaine Images, quelles sont celles liées au secteur du livre ? 

Il existe des éditeurs pouvant être qualifiés de « traditionnels », comme Ankama Editions ou invenit. Mais plusieurs autres startups ou entreprises de domaines initialement éloignés du livre commencent à travailler sur ce secteur. 3DDUO, studio de jeu vidéo, a, par exemple, développé l’e-BD « Je vous ai compris », adaptée du long métrage du même nom. Wazapp ou encore Idées-3com sont deux sociétés qui collaborent sur des projets liés à l’édition numérique. Idées-3com a développé le livre augmenté « Incunables » avec les éditions invenit ; alors que Wazapp a travaillé sur les applications-compagnon de « Melvile » et « Thorgal » pour les éditions Le Lombard.
Cette diversité des acteurs de la Plaine Images travaillant désormais dans le secteur du livre témoigne de l’évolution actuelle de cette industrie culturelle vers le numérique. Désormais, les formats et les supports sont hybrides, tout s’entremêle… Une convergence qui prend tout son sens dans un lieu comme la Plaine Images !
La Plaine Images travaille sur ce sujet depuis plusieurs années et s’interroge sur l’évolution du livre face au digital car demain tous les acteurs de notre écosystème (jeu vidéo, animation, audiovisuel, technologie, etc.) pourront être amenés à travailler sur des projets d’édition numérique. Un Panorama de la Plaine sur le sujet a d’ailleurs été publié il y a un an pour les 1ères Rencontres de l’édition numérique. 

Quels sont les créations et projets liés au livre ? Est-il possible de les découvrir lors de l'exposition en marge de l'événement à l'Imaginarium ?

Les projets précédemment cités mais aussi des projets plus artistiques comme « Déprise » ou « Ishtar » mais également des projets davantage technologiques  « Sequencity » de la société Actialuna qui propose une librairie numérique d’un nouveau genre ou encore « Draftquest » qui accompagne la pratique de l’écriture.
Des projets de livre augmenté, de livre enrichi comme des croisements entre papier et numérique sont présentés. Des vidéos interrogent l’évolution du livre… Tout est visible jusqu’au 23 mai et certains projets comme « Incunables » ou « Thorgal » resteront à l’Imaginarium de manière pérenne dans un espace d’exposition consacré aux savoir-faire des acteurs de la Plaine Images : La Galerie.

Comment voyez-vous l’avenir du marché du livre au sein de l’espace francophone ?

Comme d’autres industries culturelles (musique, film, etc.), le livre voit sa chaine de valeur chamboulée par l’irruption du numérique et l’accélération des pratiques et usages qui lui sont inhérents. Le livre papier en tant que bel objet, le beau livre, devrait connaître un retour sur nos étagères, au même titre que le vinyle voit ses ventes augmenter depuis quelque  temps ; s’il fallait une preuve que le numérique ne tue pas les industries traditionnelles des secteurs culturels… Parallèlement, de simples formats numériques, homothétiques, existeront ; comme des formats plus hybrides.  
Il y a donc évidemment des questions relatives au modèle économique, des aspects juridiques toujours un peu obscurs, des interrogations relatives aux usages… Mais peu de réponses pour le moment. Un même modèle économique peut réussir pour un projet et échouer pour un autre ! Nous vivons une période de transition sur beaucoup de domaines. Selon moi, une chose semble pourtant certaine : demain, ce sont les projets les plus créatifs, les plus intuitifs, avec un véritable univers qui tireront leur épingle du jeu. Le champ des possibles ouvert par le numérique semble infini. Peut-être que certaines œuvres n’auront plus rien d’un livre et pourtant représenteront le monde de l’édition de demain, des projets liant textes, vidéos, jeu, réalité augmentée, son, etc. Des objets hybrides, purement digitaux ou à la frontière entre papier et numérique.
Finalement, peut-être que le livre est le format ultime du transmédia !

La Plaine Images et le PILEn poursuivront leur partenariat sur les formations et les Rencontres de l’édition numérique. Par la suite, des rencontres professionnelles entre acteurs français et belges du livre pourront être pensées pour leur permettre de mener des expérimentations communes. Il existe par ailleurs un système de financement intéressant à saisir pour les collaborations franco-belges sur des formats novateurs : le fonds Expériences Interactives de Pictanovo.