Le BdA#1 (pour Bilan des Auteurs), né en 2012, est une publication de la SACD-Scam qui met en lumière la création contemporaine belge au travers de ses auteurs. Le BdA#1 met en valeur plus de 70 auteurs de tous répertoires, primés dans l’année qui précède la parution. Dans cette première édition, portraits, making-of et dossiers scannent le “comment” plutôt que le “pourquoi” de la création. La revue papier se double d’une version numérique, disponible gratuitement aux formats ePub et Mobi (sous le nom “Bilan des Auteurs”) sur toutes les plateformes de téléchargement légal (Amazon, iTunes et de nombreux sites de grandes librairies). 

Anita Van Belle, coordinatrice du BdA, nous explique la genèse du projet : « La revue a été créée à l’instigation de Frédéric Young (délégué général de la SACD-Scam pour la Belgique) qui a souhaité mettre en valeur nos auteurs belges, souvent primés et reconnus à l’international, sans que cette reconnaissance trouve forcément un écho dans leur propre pays ». Le BdA voit donc le jour pour pallier ce manque, dans une forme soignée, qui privilégie l’image et le plaisir de la lecture. Dans ce cas, pourquoi ne pas se contenter d’un format papier ?

Porteuse de nouvelles possibilités, l’adaptation numérique présente de nombreux avantages comme nous l’explique Anita Van Belle, interrogée sur les raisons qui ont mené à la production d’une version numérique du BdA : « Notre souci premier est de promouvoir les auteurs. L’adaptation numérique permet une large diffusion de notre publication, ce qui n’était pas envisageable avec la seule version papier en raison du coût financier. Or, nous souhaitions toucher des publics, comme le scolaire ou simplement celui des amateurs de culture, auxquels nous ne pouvions envoyer un exemplaire du BdA. Le numérique, par sa large diffusion et sa légèreté, répondait à cet objectif. Par ailleurs, la Maison des Auteurs est soucieuse des évolutions que traverse le secteur de la création. Elle souhaite proposer une communication créative, mais qui soit aussi en phase avec les nouveaux usages de lecture. Convertir le BdA au format numérique, c’est aussi endosser une évolution et pointer ce qu’elle a de positif, comme le fait que le lecteur peut, d’un clic, aboutir sur le site d’un auteur ou que la table des matières devienne interactive ». 

Lorsque l’on aborde la méthodologie de travail adoptée, le maître mot s’avère rapidement être le dialogue avec (et entre)  les prestataires de services. « Pour la transposition numérique du BdA, j’ai fait appel à Jiminy Panoz, auteur de Design du livre numérique, et Roxanne Lecomte qui ont  fondé ensemble Chapal & Panoz, studio dédié à la création de livres numériques.Tous deux sont conférenciers et régulièrement invités à livrer leur réflexion ou à délivrer des formations autour de la production d’eBooks. Pour moi, c’est important de travailler avec des prestataires qui élaborent une pensée sur leur métier et qui sont pédagogues. Ces deux caractéristiques nous ont permis, en commun avec les deux graphistes de l’agence Face to Face, qui avaient assuré la mise en page sophistiquée du BdA, de prendre conscience et de pouvoir répondre aux demandes de “l’adaptateur-créateur” de cette nouvelle forme. »
Ce dialogue, Anita Van Belle a cherché à l’instaurer dès la conception du BdA pour « anticiper, demander ce qui pourrait favoriser la transposition vers le numérique ». L’adaptation numérique a cependant été accompagnée de son lot d’obstacles  à surmonter. « Les difficultés ont été de deux ordres principalement : comment respecter au plus juste la mise en page pour que les sensations de lecture ne soient pas trop différentes que celles offertes par la version papier, alors que la version numérique est lisible sur smartphone (par exemple, la recherche d’une typographie équivalente à celle utilisée dans la version papier et dont il n’existait pas de version numérique) et l’adaptation aux divers supports – qui demandait un certain lâchez-prise en termes de césure de texte, jamais aux même endroit selon les supports. Les contraintes relatives à l’édition numérique conduisent les adaptateurs à anticiper les bugs des différentes versions (ceci ne peut pas être fait en Kobo parce que cette version ne supportera pas cette action), une logique éditoriale nouvelle avec laquelle j’ai dû me familiariser ». Le BdA entend bien poursuivre la réflexion autour du support numérique et envisage l’enrichissement ultérieur de ses adaptations : contenus augmentés à découvrir sur sites – et peut-être contenus multimédia.    
La distribution a été assurée par Zèbre Digital, dirigé par Emmanuel Gob (LEC Digital Books) et Benoît Dupont (ONLIT Editions). Tout comme le travail effectué au niveau de la conception du livre numérique, le BdA confirme sa prédilection accordée aux professionnels-experts issus du secteur du livre dans le choix de ses prestataires de services.

Parmi les réactions suscitées par ce premier BdA, Anita Van Belle évoque les difficultés à intéresser les média traditionnels à une publication hors cadre, l’option de commercialisation souvent suggérée pour “augmenter” la valeur du BdA (considérée comme moindre par certains parce qu’il est gratuit). La réflexion se prolonge donc au sein de la rédaction du BdA qui souhaite voir le format numérique favoriser les interactions entre les différents acteurs du secteur de la création et le public. Dans le second BdA, un QR code présent à la dernière page permet le téléchargement de la version numérique du #1. Dans l’attente d’un financement, sa numérisation, déjà envisagée, fait l’objet pour l’instant d’un… dialogue avec toutes les parties concernées.

Vous souhaitez en savoir plus sur le BdA ? Vous avez envie de poser des questions à Anita Van Belle ? Vous voulez (re)découvrir d’autres revues articulant papier et numérique ?
Retrouvez Anita Van Belle à la Foire du Livre de Bruxelles au moment de la rencontre  « Allier papier et numérique: le cas des revues littéraires et de création ».
Cette rencontre proposée par le PILEn se tiendra le lundi 24 février à 14h30 et sera suivie d’un drink sur le stand 314 de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Franck Bergeron, rédacteur en chef de la Revue Dessinée, et Lorent Corbeel, rédacteur en chef de Karoo (ex-Indications) seront également présents lors de cette table ronde animée par Tanguy Habrand, coordinateur éditorial de la collection Espace Nord. Des articles seront prochainement consacrés à La Revue Dessinée (semaine du 10 février) et à Karoo (semaine du 17 février).

Annie Kolemen