Envie de créer un rendez-vous régulier avec votre communauté qui se distingue des traditionnelles publications sur les réseaux sociaux ? Pensez à la newsletter, canal privilégié pour toucher votre audience. Le PILEn vous propose de revenir sur sa table ronde autour de la newsletter, modérée par Anne-Lise Remacle, journaliste culturelle et modératrice d'échanges.
Une newsletter, c’est quoi ?
Une newsletter – ou infolettre – est une lettre d'information envoyée – plus ou moins – régulièrement par e-mail à des abonnés. À vocation marketing ou informative, elle peut aussi être téléchargée par les internautes directement sur votre site web. Il s’agit d’un canal de communication privilégié pour toucher son audience rapidement et parfois gratuitement. En tant que rendez-vous régulier, elle permet de mettre en forme vos contenus en laissant parler votre côté créatif et d’attirer l’œil sur les actualités des acteurs et actrices du monde du livre.
Durant cette table ronde, des intervenantes du secteur du livre nous ont présenté leurs différentes newsletters. Parmi elles, Charlotte Heymans, coordinatrice de Bela, Victoire de Changy, chargée de communication des Midis de la Poésie et l’autrice Amélie Charcosset, animatrice d’ateliers d’écriture créative, qui nous présente sa newsletter créative et poétique. Chaque intervenante a sélectionné une newsletter à décortiquer ensemble afin de comprendre sa composition et son but.
La Belanews présente chaque semaine des inédits, des opportunités professionnelles et les actualités du site Bela, qui valorise et promeut la création et ses métiers en Fédération Wallonie-Bruxelles. Charlotte Heymans a choisi une newsletter sur la cérémonie des César 2021.
Victoire de Changy, quant à elle, nous présente sa rencontre hebdomadaire intitulée #poésiedéconfinée. En effet, celle-ci est née durant la crise sanitaire. Ici les abonnés découvrent des contenus exclusifs en lien avec la poésie qui ne sont pas produits par les Midis de la Poésie. « Nous souhaitons faire découvrir la poésie dans son ensemble, de la façon la plus large et ouverte », explique Victoire. Chaque newsletter porte sur une thématique particulière : nous découvrons celle sur les cailloux.
Pour finir, Amélie Charcosset, autrice française passée par la Belgique et à présent la Suisse, anime des ateliers d’écriture et enseigne le français. Sur son site, l’onglet « blog » sert de ressource pour animer ses ateliers. Le contenu de sa newsletter est exclusif et n’est pas présent sur le site. Elle s’y confie à ses abonnés, notamment dans cette newsletter. « C’est un espace à part où j’entretiens un lien étroit avec ma communauté. »
Entre graphisme et technique
Bien qu’il existe plusieurs plateformes de création de newsletters, la plus connue reste MailChimp, disponible en version gratuite ou payante. Le site est en anglais mais son utilisation reste simple et intuitive. Pour ceux qui s’inquiéteraient de l’aspect graphique, il existe différents modèles de mise en page ainsi que la possibilité de créer des boutons cliquables vers votre site ou n’importe quelle URL. Vous pouvez également incorporer des photos ou des vidéos. « Pour #poésiedéconfinée, le lay-out reste classique, avec un bandeau plus structuré en introduction de la newsletter », explique Victoire de Changy. Autre particularité : la présence d’hashtags pour structurer la newsletter tels que #poésievisuelle, #poésielittérature et #atelierdepoésie. Le tout accompagné d’une courte citation reflétant le thème actuel. Les sujets culturels abordés sont variés : photographie, musique, littérature autour d’un mot thématique, etc. « On propose aussi un exercice d’écriture autour du thème, ainsi qu’un lien vers Librel afin d’accéder aux livres cités. »
La newsletter de Charlotte Heymans, quant à elle, a été créée récemment suite à la refonte du site Bela en novembre 2020. « Il était facile de s’inspirer des éléments graphiques du site pour la newsletter. Il y a un lien avec le code couleur et la typographie du site. J’ajoute également une image animée en fin de newsletter, clin d’œil aux GIF présents sur Bela ». Charlotte perçoit cette lettre hebdomadaire comme un webzine, une publication régulière, « une gazette de Bela ». Celle-ci présentait à l’origine la rubrique très populaire « Offres pro » du site et s’est ensuite étendue à l’ensemble de celui-ci.
Contrairement à nos deux intervenantes, Amélie Charcosset a choisi de mettre l’accent sur une tonalité personnelle très marquante. « Mon logo a été conçu par un graphiste : ses couleurs et sa fantaisie traduisent le fait de vouloir casser le côté effrayant de l’écriture. » Au début, l’autrice n’a pas directement eu conscience de réaliser une newsletter et celle-ci s’est structurée au fur et à mesure grâce aux retours des abonnés. Le mail débute par une lettre où Amélie raconte une histoire en faisant des liens entre son vécu, son métier et l’écriture. Elle promeut ensuite ses ateliers d’écriture dans la rubrique « Et puis quoi encore ? », puis incite finalement son audience à s’abonner à sa lettre, à découvrir les autres dans les archives, et surtout, à répondre à la présente lettre. « Au début, je ne savais pas qu’on pouvait répondre en recevant une newsletter ! J’aime cette idée de créer un canal d’échange. Je pose toujours une question à la fin du mail pour avoir des réactions. »
À retenir
Il est souvent utile de pouvoir archiver vos newsletters et les rendre disponibles, par exemple sur votre site. « L’effet éphémère peut être intéressant, quoique frustrant à la longue », explique Victoire de Changy. Le formulaire d’inscription de votre newsletter a aussi un rôle clé, bien qu’il soit souvent sobre, avec une formule très administrative : le futur abonné doit y inscrire son nom, prénom et adresse e-mail.
Vous craignez de ne pas tenir la cadence ? Ne vous mettez pas de pression inutile pour publier une newsletter hebdomadaire, cela peut vite prendre beaucoup de temps en tant que débutant ! Tout dépend de vos méthodes de travail et de vos attentes. Au commencement, Victoire consacrait deux voire trois jours à la réalisation de sa newsletter. Aujourd’hui, avec l’habitude, cela se réduit à deux ou trois heures. Charlotte réserve au moins une journée par semaine et Amélie deux à quatre heures, le dimanche en fin de journée. La morale : ne pas être trop perfectionniste au risque de ne jamais envoyer la newsletter.
Un espace d’échanges
Amélie Charcosset a constaté un lien grandissant avec sa communauté grâce à son style d’écriture, un ton, et des sujets personnels auxquels ils peuvent s’identifier. Une newsletter peut vite se transformer en un média à part entière. « Je m’adresse directement aux abonnés en utilisant la première personne du singulier. C’est un choix : tout dépend du public, du lien formel qu’on souhaite entretenir ou non », explique-t-elle. Contrairement à celle d’Amélie, les deux autres newsletters de cette table ronde sont plus « institutionnelles ». Celle des Midis de la Poésie propose des contenus différents de son blog, où l’on retrouve des commentaires d’actualité. « Ici c’est à nous de venir vers les gens. Il y a un aspect moins élitiste dans le monde de la littérature : cette newsletter pourrait faire un joli livre. »
Bien que garder une unité de ton et de style d’écriture soit plus simple pour un débutant cherchant à créer sa newsletter, il est possible de créer une newsletter à plusieurs mains. « C’est possible si c’est totalement assumé » ajoute Victoire de Changy.
La sélection de nos intervenantes
Force est de constater que certaines newsletters permettent de donner la parole à ceux et celles qui ne l’ont pas. Cela donne de l’espace à un contenu engagé, féministe, ou montrant l’envers du décor de certains métiers fantasmés…
Les coups de cœur de Victoire de Changy :
- Les Déglacées : une newsletter qui présente des personnalités féminines.
- Slate et Titiou : tous les vendredis, la journaliste et chroniqueuse Titiou Lecoq (Girls and geeks) écrit un mail sur l’actualité de la semaine chez Slate, sur ce qu’elle en pense et sur ce qu’elle est en train de lire, regarder et écouter sur d’autres sites.
- La Newsletter de ma chatte : féministe et militante, cette newsletter présentée par Les flux et Cyclique dispense des informations autour de la santé gynécologique.
Les coups de cœur d’Amélie Charcosset :
- Ma journée préférée : chaque mardi, Christie Vanbremeersch (Ma vie sans moi) propose une idée pour nourrir et développer votre créativité.
- Austin Kleon : chaque vendredi matin, cet auteur américain partage dans sa newsletter dix choses qui retiennent son intérêt : œuvres d’art, écrits, divers liens…
- Art of Gathering : la newsletter de l’autrice Priya Parker du livre « The Art of Gathering » dispense des conseils permettant de faire sens à la vie moderne.
Les coups de cœur de Charlotte Heymans :
- Les Glorieuses : lancée en octobre 2015, cette newsletter féministe traite chaque semaine de sujets comme la politique, la maternité, la culture, le sexe…
- De proches en proches : une fois par mois, la newsletter mensuelle de l’équipe de Voix de Femmes rassemble une sélection tout à fait arbitraire et subjective d’œuvres de femmes, toutes disciplines confondues, élaborée à partir d’un mot-clé.
- Monsieur Toussaint Louverture : dans la newsletter de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture, nous retrouvons leurs prochains livres, des détails de fabrication, des confidences, des surprises, des trouvailles, des murmures et les réponses à des questions que vous ne vous posez pas.
Un canal de communication à part entière
Bien qu’il soit possible d’en créer une sans frais, la question de la monétisation concerne aussi la newsletter. Parmi nos intervenantes, Amélie Charcosset est la seule à demander une participation à sa communauté via la plateforme de financement participatif Tipee, entre autres très utilisée par les Youtubeurs et Youtubeuses. « Les gens donnent ce qu’ils veulent mensuellement, j’ai lancé mon crowdfunding au début de la pandémie. Le fait de participer ne donne pas accès à beaucoup de privilèges, les gens ‘tipaient’ juste parce qu’ils voulaient soutenir mon travail de création, le contenu en lui-même restait disponible à tous. Par exemple, j’ai partagé les coulisses de mon premier roman autoédité. Le côté personnel de mon travail est très présent sur Tipee. C’est ici qu’il y a le plus réponses et d’engagements : les gens aiment l’écriture et s’identifient, ils voient que ce travail n’est pas toujours évident. »
Pour Charlotte Heymans et Victoire de Changy, la newsletter fait partie des tâches quotidiennes de leur travail pour Bela et les Midis de la Poésie. « La demande de monétisation est donc inadéquate », expliquent-elles. « Vu la période d’arrêt liée à la crise sanitaire, nous avons dû modifier nos missions, la newsletter fait partie du job ». Victoire ajoute qu’il est tout à fait réalisable de se lancer sans budget, un design simple n’est pas synonyme d’amateurisme ! « #poésiedéconfinée nous a sauvés et a permis de garder un lien d’échange avec l’équipe. »
Comme nous l’avons déjà évoqué, la newsletter se distingue des réseaux sociaux tels que Facebook, LinkedIn, Instagram et Twitter. Il est en effet possible d’y communiquer différemment et de ne pas devoir se limiter en termes de longueur, contrairement aux réseaux sociaux qui misent souvent sur le caractère court et peu détaillé de l’information. « De plus, on envoie un mail à la volée sans constater un résultat immédiat », ajoute Victoire de Changy. Dans la majorité des cas, il faut analyser les statistiques de la newsletter pour connaître le taux d’ouverture et de clic. « L’audience ne va pas nous répondre en faisant des compliments ou des propositions proactives, cela se fait dans d’autres circonstances, mais pas via un retour direct » constate Charlotte Heymans. #poésiedéconfinée a environ 4 300 abonnés. La newsletter de Bela en a 5 300, avec en moyenne un taux d’ouverture de 30% et un taux de clic de 12%. Finalement, la newsletter créative d’Amélie Charcosset a 1 110 inscrits, pour un taux d’ouverture de 50%. De façon générale, un taux de 20 à 25% est une bonne moyenne car il faut garder en tête que tout le monde ne prend pas le temps d’ouvrir ses e-mails. Le conseil de Charlotte : ne pas être trop gourmand en termes d’abonnés et ne pas en chercher partout. « Le plus important est de connaître son public, le fidéliser, et surtout, que la lettre soit lue. »
Créer votre newsletter peut être un bon moyen de vous démarquer et communiquer régulièrement avec votre audience en tant qu’acteurs et actrices du monde du livre. Nous espérons que le présent compte-rendu vous sera utile. Et nous vous souhaitons beaucoup de plaisir dans la mise en valeur de vos projets.
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Pour tout renseignement sur une de nos formations, merci de prendre contact avec l’équipe du PILEn via info@pilen.be ou nos réseaux sociaux.