Le 23 novembre dernier, le PILEn a lancé un nouveau chantier avec pour ambition d’informer les professionnel·les du livre sur le projet Contrat pour la filière du livre et de leur offrir un espace de concertation. Première étape : présentation de ce qu’est un « contrat de filière » et de ses conséquences concrètes en revenant sur l’expérience de certaines régions françaises. 
 

Bref historique

En 2014, les régions françaises fusionnent pour ne former que treize entités et, dans la foulée, la toute jeune région Nouvelle-Aquitaine en profite pour signer un ambitieux contrat avec l’État français (par l’intermédiaire de la DRAC, Direction régionale des affaires culturelles) et le CNL (Centre National du Livre) dans le but de soutenir la filière du livre sur son territoire. À l’époque, c’est la première fois qu’un tel document est signé pour une matière culturelle. Dans les années qui suivent, cet engagement sera renouvelé encore et encore. Ce succès séduira d’autres régions comme l’Occitanie, les Midi Pyrénées ou l’Auvergne-Rhône Alpes, puis le reste des régions françaises leur emboîteront le pas.  
 

Pour qui, pourquoi ?

Le contrat de filière est un partenariat conclu entre les représentants d’un secteur industriel et différents pouvoirs publiques afin d’organiser une filière intégrée à travers une politique commune. Ce mécanisme a pris du temps pour s’imposer dans le secteur culturel, mais semble aujourd’hui un outil indispensable pour simplifier les tâches administratives, harmoniser les aides et concrétiser rapidement des mesures impliquant différents échelons de pouvoir. 

Dans le cas du domaine du livre, on appelle « filière » la succession d’activités qui va de la création à la conception jusqu’à la mise en vente, à l’achat puis à la mise à disposition éventuelle par des bibliothèques de l’objet livre. Cette « chaîne du livre » inclut des acteurs très divers, mais dont les interrelations sont assez fortes pour qu’émerge une représentation commune de leur activité sous le terme de « filière ». Notons tout de même que le livre possède la particularité de rassembler des acteurs commerciaux et non-commerciaux, ce qui peut brouiller dans certains cas le sentiment d’appartenance à un même secteur. 

Ces contrats, qui permettent d'affiner une politique de soutien public à une filière, offrent justement l’occasion d’instaurer un dialogue entre tous les opérateurs du livre. Cela permet de mettre sur pied une politique qui répond à leurs besoins et leurs attentes, tout en les invitant à se projeter dans l'avenir. Les aides financières directes, mais aussi les études de terrain, l’accompagnement des professionnel·les, l’amélioration de la visibilité de leur travail sur un territoire donné et à l’étranger, tout cela participe en effet à la pérennité de la filière.
 

Et concrètement ?

Revenons en France et prenons l’exemple de la région Grand Est avec laquelle le PILEn a développé un partenariat pérenne depuis plusieurs années. Cette région compte 5 549 586 habitants, un élément qui permet de la rapprocher du territoire de la Wallonie et de Bruxelles (4 842 337 habitants). En 2020, voici les aides qu’elle proposait aux acteurs de la filière :

  • Aides à l’édition indépendante, 
  • Aides à la librairie indépendante, 
  • Aides aux auteurs, aux projets interprofessionnels ​
  • Aide aux projets transfrontaliers

Ces subsides sont gérés et répartis d’une manière cohérente sur l’ensemble du territoire (57 433 km², soit presque le double de la Belgique !) et les interlocuteurs en charge de ces différents dossiers sont clairement identifiés. Ces moyens mis à disposition pour tous les acteurs, permet d’amortir les chocs d’éventuelles crises et de développer leurs activités.

Un modèle à adapter pour la Belgique francophone

En Belgique francophone, il est question d’instaurer un mécanisme peu ou prou similaire, régulé par un contrat qui impliquerait l’interprofession du livre, la Fédération Wallonie-Bruxelles et les différents niveaux de pouvoir en Wallonie et à Bruxelles : les communes et les villes, les provinces et les régions wallonne et bruxelloise. Cela permettrait d’articuler les compétences de ces autorités, toutes complémentaires et indispensables au développement de du secteur et du livre, première industrie culturelle et créative du pays.

 
 
Illustration réalisée par Laura Simonati