Le neuvième colloque du PILEn a été consacré au livre audio et à la création sonore. Après un état des lieux du domaine, une table ronde a abordé les enjeux, les opportunités et les défis à venir pour le secteur. Enfin, une immersion dans l'univers du livre audio a été proposée au public afin de rendre compte de chaque facette de sa réalité pratique.

Le PILEn tient à remercier tous les intervenant(e)s pour leurs présentations enrichissantes, ainsi que le public venu en nombre. Nous remercions particulièrement Juliette Mogenet, pour la rédaction de la synthèse (dont le contenu se retrouve ci-après) et du compte-rendu complet de notre colloque. La synthèse et le compte-rendu peuvent être téléchargés ci-dessous en PDF.

SYNTHÈSE DU COLLOQUE DU 9 DÉCEMBRE 2024 – MEDAA (BRUXELLES)

Partie 1. Présentation de Jean-Christophe Vareille

Le fondateur du studio de production Rosalie de bouche à oreille et de la maison d’édition audio Multisonor a présenté des chiffres qui montrent une croissance mondiale très impressionnante du livre audio et un rajeunissement du lectorat audio. Ce qui a lieu en France est le signe qu’un paysage intéressant se dessine pour les éditeurs, producteurs, prestataires et distributeurs : les très grandes maisons d’édition se lancent, plusieurs moyennes et petites également. Il a expliqué le réel intérêt du livre audio malgré quelques risques à prendre. Il a aussi évoqué le récent positionnement de Spotify sur le marché et les différents enjeux financiers de l’édition et de la production de livres audio.

Il a souligné l’importance pour les maisons d’édition de composer un catalogue, d’avoir une véritable politique éditoriale cohérente, et celle de communiquer et de travailler avec les libraires et/ou les bibliothèques, comme le font les éditeurs papier. Il a ainsi mis en exergue l’intérêt qu’il y aurait en Belgique francophone à se mutualiser, se collectiviser, s’organiser pour travailler ensemble (chose qui n’a pas pu être faite par les petits éditeurs en France).
 

Table ronde - Philippe Goffe (modération), Joan Roels (producteur WeTellStories), Jean-Jacques Quinet (producteur Studio 5 sur 5) et Maia Baran (comédienne)

Jean-Jacques Quinet a présenté son travail de producteur de livres audio, principalement pour de grands groupes français. Il a mis en avant l’importance de vulgariser le livre audio pour qu’il atteigne son public et a développé les aspects techniques et artistiques de l’adaptation audio d’une œuvre littéraire.

Maia Baran a abordé les similitudes et différences entre l’enregistrement d’un livre audio et le doublage d’un film. Quels artifices techniques choisir pour rendre possible la reproduction des émotions de la lecture par le son ? C’est un travail qui demande une formation solide (et continue), une malléabilité, mais aussi la maîtrise d’une palette technique importante.

Joan Roels a souligné à son tour la nécessité de se structurer pour montrer aux décideurs et décideuses politiques que la création sonore, le livre audio, le podcast et les festivals sont des enjeux : ils créent de l’emploi et permettent de diffuser les œuvres belges. Il faut en effet reconnaître qu’il existe un foisonnement d’œuvres et une grande qualité technique et artistique en Belgique francophone. Il a également insisté sur l’importance du marketing et de la communication pour considérer aussi le public dans l’équation.

Exercice immersif – lectures multiples d’un extrait du livre « La ballerine de Kiev » de Stéphanie Perez.

Conclusion 

Beaucoup de points essentiels ont été soulevés, grâce aux intervenants et intervenantes et aux interventions du public.

Un constat : en Belgique francophone, nous sommes dans un marché très réduit, entouré d’énormes empires culturels, et nous avons donc besoin de financements publics. Il existe peu de pistes de financement actuellement pour le livre audio en Belgique. Seul Screen.Brussels semble proposer une aide, mais celle-ci n’est pas tout à fait adaptée car celle-ci est liée au domaine du cinéma. Toutefois, la structure pourrait techniquement aussi financer du sonore. Ce serait une piste à creuser.

Il y a en Belgique francophone une industrie du livre audio qui existe déjà (avec des studios, des ingénieurs du son, des comédiens et comédiennes, etc.) - qui reçoivent des prix en-dehors de nos frontières et pourraient travailler aussi pour l’édition belge francophone !

D’autres enjeux et défis vont s’imposer comme l’intelligence artificielle et la nouvelle loi européenne de juin 2025 qui imposera l’obligation d’accessibilité des textes avec version audio obligatoire et avec lesquels il faudra composer. Il faudra une vigilance collective autour de ces questions.

Recommandations 

  • Mutualisation des maisons d’édition/producteurs de contenu (s’inspirer du cinéma !)
  • Créer une maison d’édition audio belge qui rassemblerait les petits éditeurs
  • Développer des financements de la FWB pour le sonore en général et pour le livre audio spécifiquement : ouvrir le Tax Shelter au sonore ? 
  • Décret européen SMA (se mettre ensemble pour peser au niveau des fédérations sectorielles)
  • Dans un second temps : créer une plateforme du livre audio francophone avec les régions françaises et autres francophones (suisse, Québec, francophonie en général). Faire des coproductions, cofinancer des contenus.
  • Festival du sonore en FWB (podcast / création sonore / livres sonores) et/ou prévoir de la place pour le livre audio à la Foire du Livre, par exemple ou créer une Nuit du livre audio
  • Se mettre en lien et travailler main dans la main avec autres acteurs et actrices de l’écosystème du livre (notamment les libraires ; recommandations et conseil y compris sur des livres audio). 
  • Réfléchir et penser à toutes les étapes avec un environnement juridique net (contrairement au podcast) : depuis la production jusqu’à la distribution et la diffusion.

Mise en page & visuel : Take Shape Studio